Dans leurs déplacements à pied, les aînés utilisent une stratégie d’évitement des piétons différente de celle des jeunes. Entre autres, ils regardent au sol plus près d’eux pour éviter les obstacles immédiats. Si bien que leur délai de réaction s’avère plus lent pour ajuster leur mouvement, ce qui peut engendrer des conséquences fâcheuses.
C’est ce que tend à démontrer une équipe de chercheurs de l’Université Laval à partir d’expérimentations dans un environnement virtuel. Les résultats obtenus suggèrent que les personnes âgées ont besoin de plus de temps pour analyser l’information visuelle qu’elles recueillent.
«En conséquence, leur attention est détournée des obstacles qui pourraient se trouver sur leur route. Chez les personnes âgées qui ont des problèmes de mobilité ou d’équilibre, cette stratégie de contournement pourrait augmenter le risque de percuter un objet ou de faire un faux pas entraînant une chute», résume le professeur à la Faculté de médecine de l’Université Laval et chercheur au Centre interdisciplinaire de recherche en réadaptation et intégration sociale (Cirris) du CIUSSS de la Capitale, Bradford McFadyen.
Pour arriver à ces constats, l’équipe a étudié les stratégies de contournement de 14 jeunes âgés de 24 ans en moyenne et de 14 personnes de plus de 70 ans. Les participants circulaient dans un environnement de réalité virtuelle représentant un centre commercial. «On leur demandait de marcher d’un pas normal en direction d’un comptoir alimentaire. Lors du trajet, un piéton virtuel apparaissait dans leur champ de vision et se dirigeait vers eux. Ils devaient le contourner», explique le professeur McFadyen.
Analyse comportementale
Pendant les tests, l’équipe de recherche a entre autres mesuré le temps d’observation du piéton virtuel, l’endroit où les personnes participantes portaient leur regard, la distance au moment où le contournement était amorcé et la distance minimale de contournement. Leurs résultats ont révélé que les personnes âgées:
- portent leur regard sur le piéton virtuel 70% du temps, contre 50 % pour les jeunes;
- consacrent deux fois moins de temps que les jeunes à regarder l’environnement;
- consacrent deux fois plus de temps que les jeunes à observer les jambes du piéton virtuel;
- amorcent le contournement plus tardivement alors qu’elles sont un mètre plus près du piéton virtuel.
Lorsque le piéton virtuel se déplaçait sans remuer les membres, les deux groupes ont commencé le contournement plus tôt. Néanmoins, la différence était plus marquée chez les personnes âgées. «Cela indique que les mouvements des membres du piéton virtuel sont utilisés pour planifier le contournement. Quand ils sont privés de cette information, les participants et participantes, en particulier les personnes plus âgées, font montre de plus de prudence», souligne le professeur McFadyen.
Précisons que cette étude a été publiée dans la revue scientifique Human Movement Science. Les signataires sont Félix Fiset et Bradford McFadyen, de l’Université Laval, et Anouk Lamontagne, de l’Université McGill.