Le projet d’implantation du nouveau système de communications des services d’urgence de la Ville de Québec, le SERAQ, a coûté beaucoup plus cher que prévu à la Ville de Québec. Par ailleurs les formations offertes aux membres du Service de police de la Ville de Québec (SPVQ) se sont avérées inadéquates puisqu’elles présentaient plusieurs lacunes.
Ces deux conclusions ont été formulées par le vérificateur général (VG) de la Ville de Québec, Michel Samson, dans son rapport pour l’année 2022. Selon lui, des complications en termes de transfert de gestion du projet se sont réalisées, mais «il n’y a pas d’évidence que la sécurité a été remise en cause» pour les citoyens.
Le projet qui devait initialement coûter 19,7 M$ en aura plutôt coûté 30,2 M$, soit un dépassement de coûts de plus de 10 M$. Selon M. Samson, cette hausse est due à l’ajout de ressources humaines pour la réalisation du projet, d’un ajout technologique pour les besoins du Service de protection contre l’incendie de Québec (SPCIQ) et de l’ajout d’équipements non prévus au départ. Le déploiement qui s’est amorcé en 2014 devait initialement être complété en juin 2019, mais il s’est plutôt étiré jusqu’en décembre 2022. Ce retard est notamment attribuable à «un délai plus long d’environ huit mois pour la planification et l’octroi de l’appel d’offres du réseau et par la complexité des travaux d’implantation du réseau», soutient le VG.
Une formation qui n’aborde pas certains enjeux
M. Samson note aussi que la formation offerte aux membres du SPVQ «ne lui a pas permis de bien comprendre l’ensemble des fonctionnalités du SERAQ». Certains éléments «qui peuvent paraitre simples» n’ont pas été abordés dans les capsules qu’ont dû visionner en ligne les policiers contrairement à leurs collègues du SPCIQ qui ont suivi la formation en caserne et en manipulant les appareils. Le VG cite en exemple «l’importance de se placer correctement devant le micro pour assurer une bonne compréhension des paroles, les différentes tonalités de la radio portative pour reconnaître notamment quand les ondes sont disponibles ou non pour parler [et l’absence d’exemples] de cas concrets où il faut utiliser une passerelle véhiculaire». «La formation pour les pompiers était beaucoup plus concrète. Peut-être que si la formation avait eu lieu dans les postes de police, peut-être que ces éléments-là auraient été abordés», a-t-il ajouté en conférence de presse.
De plus, le vérificateur général estime que «la conduite du changement et les décisions liées à l’implantation du SERAQ ont été complexifiées par d’autres grands changements en cours». L’implantation du système de répartition assistée par ordinateur qui s’est fait au printemps 2019 et la réorganisation de la Direction adjointe de la surveillance du territoire du SPVQ en mai 2020 sont les autres changements auquel il a fait référence en plus du contexte exceptionnel de la pandémie de COVID-19.
Ils ont dit…
Ce n’est pas parce qu’il n’est rien arrivé de grave qu’on ne doit pas faire mieux. […] C’est très clair dans les bonnes pratiques qu’on doit manipuler l’objet en formation. La pandémie est venue changer les plans, ce que les pompiers n’ont pas vécu parce qu’entre deux interventions, ils sont quand même réunis. Ils ont donc pu faire leur formation en personne contrairement aux policiers qui étaient déployés sur le terrain [ou en télétravail].
Bruno Marchand, maire de Québec
On a maintenant des installations de pointe. Oui, ça a été laborieux pour s’adapter. D’abord au plan technologique, mais aussi pour les utilisateurs qui ont eu à passer d’une technologie à une autre. Oui, il y a eu des accrochages, mais ça a fonctionné et ça fonctionne aujourd’hui!
Luc Monty, directeur général de la Ville de Québec
Ce n’est pas une histoire de succès dans une gestion de contrat publique. Ça ne doit pas devenir un modèle. […] Maintenant, on a une solution qui fonctionne. J’ose espérer qu’on a appris de ça. Je veux éviter de politiser ça. Ça reste qu’on a des services qui ont besoin d’un équipement et que le service d’approvisionnement va en appel d’offres avec ça. Ça ne s’est pas bien passé ici. On est chanceux qu’il n’y ait pas eu de décès.
Claude Villeneuve, chef de l’opposition officelle