Un sommeil de mauvaise qualité pourrait favoriser l’inflammation des tissus mammaires et augmenter le risque de cancer du sein. Telle est la prémisse d’une étude exploratoire menée par une équipe de chercheuses de l’Université Laval.
Le plan de travail a fait l’objet d’une publication dans la revue Cytokine. L’article s’intitule Sleep quality traits correlate with inflammatory markers in the breast tissue of women. Il évoque une corrélation entre des caractéristiques de la qualité du sommeil et certains marqueurs inflammatoires associés au risque de cancer du sein.
Actives à la Faculté de médecine et du Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval, Sue-Ling Chang, Caroline Diorio et Francine Durocher se sont attaquées à en faire la démonstration. Elles ont mesuré l’abondance de 11 marqueurs inflammatoires dans les tissus mammaires de 165 femmes.
Les chercheuses ont également documenté trois caractéristiques du sommeil des participantes. Il s’agit du nombre moyen d’heures de sommeil par nuit, de la fréquence des épisodes d’insomnie au cours du dernier mois et de la prise de médicaments prescrits pour aider au sommeil au cours de la dernière année.
Révélations issues de l’étude
Leurs analyses ont révélé que:
- les niveaux protéiques de trois des marqueurs (IL-6, IL-10 et CRP) étaient plus élevés chez les participantes qui dormaient moins de 7 heures ou plus de 9 heures par nuit;
- l’expression des gènes de deux marqueurs (IL-6 et COX-2) était plus élevée chez les participantes qui dormaient moins de 7 heures ou plus de 9 heures par nuit;
- chez les femmes ménopausées, plus la fréquence de l’insomnie augmentait, plus le niveau protéique du marqueur CRP était élevé;
- chez les femmes ménopausées, la prise de produits pour faciliter le sommeil était associée à des niveaux protéiques plus élevés du marqueur TGF-β (Facteur de croissance transformant).
Résultats à confirmer
«Nos résultats devront être confirmés auprès d’une plus grande cohorte de femmes. Déjà, tout laisse croire qu’un sommeil de mauvaise qualité est associé à l’inflammation mammaire. Des études ont déjà montré qu’un état inflammatoire chronique peut activer des cascades de réactions menant aux cancers», résume la professionnelle de recherche, Sue-Ling Chang.
Les problèmes de sommeil touchent environ 30% de la population, poursuit la chercheuse. Ils frappent davantage les femmes puisque 46% d’entre elles rapportent avoir des problèmes de sommeil chaque nuit.
Le sommeil est une composante aussi importante que l’alimentation ou l’activité physique dans la prévention des cancers. La question de la qualité du sommeil devrait d’ailleurs être abordée lors des visites médicales. Comme le sommeil fait partie des habitudes de vie qui sont modifiables, on pourrait envisager le recours à des interventions visant son amélioration comme approche préventive du cancer du sein.
Sue-Ling Chang, chercheuse